La réalité virtuelle est utilisée comme thérapie dans la santé mentale.
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2024, la réalité virtuelle et la réalité augmentée ne sont plus une nébuleuse pour les non-initiés. Chaque téléphone mobile peut créer un filtre animé réaliste et les plus grandes marques, d’Apple à Meta, ont présenté leur casque. Pourtant, trop peu de personnes connaissent les multiples usages que proposent ces technologies.
Affiliées à tort au divertissement seul, c’est pourtant dans les centres de rééducation et de santé mentale qu’elles ont gagné leur place. Ces technologies peuvent se définir comme de véritables super-héros du quotidien pour beaucoup de malades. Mais comment ont-elles été intégrées ? Pour vous aider à y voir plus clair, nous vous avons fait une sélection de 5 cas d’usages à adopter en psychiatrie et en psychologie.
Se téléporter et vaincre ses angoisses
L’utilisation de la réalité virtuelle dans le domaine de la santé mentale représente une opportunité de thérapie intégrative. Les TRV (Thérapie par Réalité Virtuelle) complètent les traitements conventionnels. Elles permettent d’optimiser l’utilisation des analgésiques, anxiolytiques et anesthésiques.
La société française Butterfly Therapeutics a développé un dispositif médical de sédation numérique pour réduire la douleur et l’angoisse. Un procédé qui n’est pas nouveau ! Depuis 2011, l’entreprise déploie dans les hôpitaux et centres de soins des systèmes immersifs. Doté d’un casque de réalité virtuelle, le patient est immergé dans un univers sonore et visuel qui mobilise ses capacités. L’effet est instantané. L’utilisateur se retrouve dans un état de conscience modifiée diminuant l’anxiété et le niveau de douleur ressenti lors d’un acte médical.
Les professionnels de santé notent des effets positifs sur leur patientèle. Une vraie relaxation et une réduction du stress ont été rapportées.
L’avenir devrait continuer de nous surprendre. En Janvier dernier la société Coreod Space présentait un dispositif alliant réalité virtuelle et Intelligence artificielle pour favoriser le bien-être des astronautes.
Se transformer pour faire preuve d’empathie
L’une des premières expériences de réalité virtuelle que l’on a pu voir apparaître dans la sphère de l’empathie est celle nommée « The Ennemy ». Lancée en 2015, cette œuvre proposait à l’utilisateur de venir à tour de rôle, à la rencontre de soldats israéliens et palestiniens. Chaque personnage raconte ses cauchemars, ses rêves, ses espoirs… L’objectif du créateur Karim Ben Kelifa, reporter de guerre, était de réhumaniser les combattants pour les mettre face aux émotions de chacun. L’ambition de mieux se comprendre pour apaiser les tensions. De très nombreuses autres expériences s’en sont suivi : se plonger dans le corps d’un homme lorsque l’on est une femme, partager le quotidien de civils en territoire de guerre, vivre la journée d’une personne handicapée…
Aujourd’hui, en Europe, la réalité virtuelle a approfondi cette notion d’empathie pour en faire une véritable machine. Elle est, à titre d’exemple, utilisée par Reverto pour mettre les auteurs de violences face à leurs actes. Doté d’un casque de réalité virtuelle, le délinquant se retrouve à la place de ses victimes. Une manière de prévenir et de lutter contre les risques psychosociaux et de discriminations. Michel Reilhac, producteur de films VR et pionnier en son domaine, interviendra au côté d’Angelina Dayton le Jeudi 11 Avril 2024 à Laval Virtual pour détailler ce sujet.
Changer son environnement pour faire face à ses phobies
Près de son thérapeute, le patient phobique se dote d’un casque de réalité virtuelle. Un environnement immersif apparaît sous ses yeux. Il est mis face à l’objet de ses peurs. Les phobies appréhendées peuvent être alors multiples :
- peur du vide ou des serpents ;
- prendre la parole en public ;
- être au milieu de la foule ;
- voyager en avion…
Grâce à la réalité virtuelle, la personne se retrouve directement immergée dans un environnement réaliste. Une méthode plus efficace que celle de l’imaginaire utilisée traditionnellement en thérapie. Le patient réapprend ainsi étape par étape à se confronter à ses phobies. Il retrouve à son rythme autonomie et liberté. Une manière de le désensibiliser grâce à une confrontation directe avec la source de ses phobies.
Remonter le temps pour faire son deuil
C’est l’une des applications qui suscite le plus de débats : utiliser la réalité virtuelle pour faire revivre les défunts. En 2020, une équipe de chercheurs coréens a orchestré les retrouvailles entre une mère et sa fille de 7 ans décédée 3 ans plus tôt. Les échanges ont été houleux pour distinguer les bienfaits ou non de cette méthode. Le visage ultra réaliste de l’enfant face à sa maman, équipée d’un casque de réalité virtuelle la voix tremblante, tendait à l’émotion. La principale intéressée a évoqué « un vrai paradis ». Elle a pu voir sa fillette se transformer en papillon et s’envoler vers d’autres cieux.
Les psychologues se sont accordés à dire que le processus de deuil est propre à chaque individu. L’expérience a semblé faire du bien à la mère. Ils n’ont pas exclu que ce type d’application représente une opportunité pour les personnes en fin de deuil encadrées par un professionnel. Ce n’était pas la première fois qu’une technologie du virtuel se jouait du royaume des morts. En 2012, c’est le rappeur 2Pac qui ressuscitait sur scène à Coachella en hologramme pour donner un concert.
Régénérer son corps et combattre ses douleurs fantômes
90 % des personnes ayant subi une amputation ont la sensation que leur membre est toujours là. Pour certaines, cette perception peut se faire sentir par le biais d’une douleur bien réelle. C’est ce que l’on appelle les douleurs fantômes.
Depuis 2017, les chercheurs explorent l’utilisation de la réalité virtuelle pour le traitement de ces souffrances. Le nombre d’études sur le sujet ne cesse d’augmenter. L’efficacité des traitements a pu être mise en avant.
La pratique se base sur les recherches du neurologue indo-américain VS Ramachandran. Dans les années 90, il a eu l’idée de placer le membre amputé d’une personne dans une boîte dotée d’un miroir. La victime, en regardant par le haut, pouvait alors voir le reflet d’un bras intact lui semblant être le sien. Le cerveau aperçoit un membre sain, il réduit alors les signaux de douleurs.
Grâce aux images réalistes que proposent les technologies immersives ce procédé a pu être perfectionné. Dans un monde virtuel, les patients se retrouvent à utiliser leurs membres disparus, à cueillir des fleurs et les jeter dans un étang. De nouvelles connexions neuronales finissent par se créer. Les parties dysfonctionnelles du cerveau se réparent…
Vous l’aurez compris, le champ des possibles des Thérapies en Réalité Virtuelle est large :
- traitement des phobies ;
- du stress et de l’angoisse ;
- de la dépression ;
- de la schizophrénie ;
- des addictions ;
- des troubles alimentaires ;
- des perceptions de l’image corporelle ;
- des troubles post-traumatiques…
L’intégration de nouvelles techniques dans un parcours de soins est accessible à tous. Mais comment rencontrer les bons experts ? Chaque année, toute la communauté européenne du domaine se réunit à Laval (France) lors de son salon éponyme Laval Virtual. Un événement ouvert aux professionnels issus de tous secteurs. L’occasion pour les praticiens de santé de rencontrer les plus grands acteurs et de tester leurs expériences.