
« Alter Ego » interroge la perception de notre identité à travers l’autre.
Crédits photos : Moritz Wehrmann
Artiste allemand, Moritz Wehrmann est aussi impliqué dans la recherche, et collabore avec d’autres chercheurs pour que son travail artistique ait un impact dans le monde scientifique. L’un de ses derniers projets, « Alter Ego » est le fruit d’une coopération avec le neurophysiologiste Alain Berthoz et a pour ambition d’aider les personnes atteintes de troubles dissociatifs de l’identité comme les schizophrènes. « Alter Ego » est la preuve que l’art et la science peuvent s’unir pour à la fois émerveiller et comprendre. L’œuvre de Moritz Wehrmann sera visible lors du festival d’art immersif Recto VRso du 10 au 13 avril 2025.
Œuvre d’art ou objet d’étude scientifique ?
Moritz Wehrmann est un artiste qui explore les nouveaux médias. Ses projets sont plutôt d’ordre conceptuel et expérimental, et font écho à de la recherche artistique. L’artiste nourrit un fort intérêt pour emmener le visiteur dans un monde connu ou inconnu grâce à des outils mécaniques et expérimentaux. Il a imaginé « Alter Ego » en collaboration avec un chercheur et professeur en neurophysiologie, Alain Berthoz, du prestigieux Collège de France.
« Alter Ego » est une installation optique participative qui interroge la relation mentale et mimétique entre deux interlocuteurs qui dialoguent. L’œuvre propose à deux participants de se placer de part et d’autre d’un écran transparent. Celui-ci est fabriqué grâce à des miroirs spéciaux et équipé de lumières stroboscopiques qui alternent entre phases lumineuses et sombres. Par intermittence, l’écran affiche le reflet des deux personnes, créant une métamorphose entre sa propre image dans le miroir et l’image de l’autre.
« Alter Ego » est le fruit d’une coopération interdisciplinaire dans le cadre de recherches en neurophysiologie. « L’installation joue un rôle important dans les recherches autour de la perception de soi et de l’autre, ainsi que dans celles sur les mécanismes de sympathie et d’empathie et les troubles associés comme la schizophrénie, l’autisme ou la maladie d’Alzheimer », explique l’artiste-chercheur.
Chaos psychologique : la perte de notre soi
La notion psychologique d’alter ego est au centre des troubles dissociatifs de l’identité. L’artiste Moritz Wehrmann s’est basé sur plusieurs articles et études scientifiques pour créer son installation. À la base, elle a été conçue pour devenir un accessoire médical pour aider les patients atteints de schizophrénie, d’autisme ou de la maladie d’Alzheimer.
En confondant les deux visages, les deux personnes, les deux personnalités, « Alter Ego » crée un sentiment aliénant, d’isolement, de perte de soi, de perte d’identité. En même temps, les participants ressentent une profonde empathie pour l’autre. L’installation montre que nos mécanismes spatio-visuels sont perturbés lorsque l’on s’identifie à un autre visage que le nôtre.
En d’autres termes, notre cerveau utilise des repères visuels et corporels pour s’orienter et interagir avec l’environnement. Quand on commence à se voir comme quelqu’un d’autre, ces repères sont brouillés, ce qui affecte notre perception de l’espace et notre capacité à interagir avec le monde extérieur. C’est notamment en cela que « Alter Ego », en plus d’être un processus artistique, agit comme un apport pour la recherche scientifique.
Le projet expérimental de Moritz Wehrmann fait partie de la sélection officielle de l’édition 2025 du festival d’art immersif Recto VRso. Il est à découvrir du 10 au 13 avril, en parallèle du salon Laval Virtual.