Et si nous pouvions transformer le processus de guérison, repenser la façon dont on peut réduire la douleur et la souffrance, et si nous pouvions améliorer la vie quotidienne de ceux qui luttent contre la douleur tous les jours ?
Réduire la souffrance et les douleurs avec la réalité virtuelle
En 2013, Louis Derungs a commencé son aventure en tant que patient après avoir reçu un choc électrique de 15 000 volts. Six semaines plus tard, il s’est réveillé d’un coma dans une unité de soins intensifs, les deux bras amputés en-dessous des épaules, et son couvert à 50% de brûlure. Derungs a ressenti beaucoup de douleurs différentes, de la douleur fantôme aux membres, comme si ses mains brûlaient ou que ses doigts traversaient la paume de sa main, à des douleurs neuroplastiques comme si ses jambes étaient en feu de l’intérieur.
Les docteurs lui ont prescrit beaucoup d’opiacés pour réduire la douleur, mais ils n’avaient aucun effet. Un jour, Derungs accepté, après avoir été sceptique pendant un moment, de faire une séance d’hypnose. Pendant la séance, il y eut un temps de 10 minutes pendant lequel Derungs n’a ressenti aucune douleur, jusqu’à même s’endormir. En se réveillant, il réalisa que sa douleur provenait de son esprit, et des souvenirs de souffrance de son réseau neuronal. Après quelques mois d’expérience avec l’hypnose, il ne souffrait désormais plus de la douleur.
“La douleur est un phénomène très complexe qui implique plusieurs systèmes hautement interdépendants et interactifs. Cette expérience déplaisante émerge de la rencontre entre la subjectivité et l’objectivité, entre la psychologie et la physiologie, entre l’esprit et le corps. C’est pourquoi, de façon à être les plus efficaces possibles, les thérapies qui offrent de contrôler cette expérience, qu’elle soit passagère ou persistante, devraient aussi intégrer ces deux mondes différents mais enchevêtrés”, explique Louis Derungs.
Après avoir étudié la neuroscience, l’intelligence artificielle et la programmation, Derungs a commencé à réfléchir à des façons d’appliquer ses nouvelles connaissances à des thérapies à travers de nouvelles méthodes. Alors qu’il contrôlait sa douleur, il réfléchissait à comment transmettre son expérience à d’autres personnes de façon à les aider. C’est à ce moment-là qu’il commença à utiliser la réalité virtuelle et devint un expert en neurosciences de la douleur pour Mindmaze, l’une des plus grandes entreprises utilisant la réalité virtuelle pour la réduction de la souffrance.
Des recherches sur la réduction de la douleur avec la VR
En décembre 2018, Mel Slater, qui sera speaker aux VR Days 2019, fut l’un des contributeurs de l’étude “Diminution de la douleur chronique au bras grâce à la modification d’un corps virtuel : Différentes stratégies pour différents types de douleur” dans le Journal of Pain.
Il a été démontré que des sujets en réalité virtuelle incarnaient leur avatar, et qu’en changeant l’apparence visuelle d’un bras virtuel pour qu’il soit en parfaite santé, les sujets pensaient que ce bras virtuel était le leur, ce qui modifiait par la suite leur rapport à la douleur. L’étude visait à déterminer si les propriétés variables d’un bras virtuel situé au même endroit que le bras réel pouvaient moduler l’intensité de la douleur chez les patients souffrant de douleurs sévères au bras ou à la main, dans les cas avec ou sans lésions nerveuses.
Les indices de douleur ont été évalués dans diverses conditions et mesurés à l’aide de l’expérience virtuelle. On a constaté que les patients souffrant de douleur chronique pouvaient atteindre des niveaux d’appropriation et d’action sur un bras virtuel semblable à celui des participants en bonne santé. Dans l’ensemble des sept affections évaluées, l’évaluation de la douleur a été réduite de moitié.
C’est l’une des nombreuses expérimentations qui ont démontré que l’incarnation dans la réalité virtuelle peut réduire la douleur et la souffrance chez des patients atteints de douleur chronique. Le type de douleur vécue est aussi corrélée avec une stratégie particulière pour réduire cette souffrance avec la réalité virtuelle.
Ces interactions entre l’image du corps et la perception de la douleur avec la VR ont le potentiel d’aider les patients souffrant de douleur chronique, ainsi que les cliniciens qui cherchent des solutions alternatives pour gérer la douleur des patients. Tout comme Louis Derungs, qui a également pris la parole lors des VR Days Europe, cette étude montre des applications de la réalité virtuelle ayant des effets réels sur notre bien-être mental et physique.
La prochaine génération de la santé virtuelle aux VR Days Europe
La réalité virtuelle donne directement accès au cerveau, c’est un moyen de le tromper avec des recherches approfondies pour guider l’expérience de la mémoire, l’attention et l’environnement qui doivent être adaptés aux utilisateurs visés.
“Il y a une partie du cerveau qui ne fait pas la distinction entre réalité et réalité virtuelle. L’exemple typique c’est quand on recule quand on voit un précipice alors que notre cœur s’emballe. On réagit très vite car c’est la chose la plus sûre à faire pour le cerveau”, explique Mel Slater dans un article du Guardian.
Comme évoqué dans l’article sur la formation et la simulation, les technologies du motion tracking, facial-tracking et eye-tracking nous fournissent des informations sur le comportement humain et sur l’état mental. Dans le sommet Pain & Suffering Reduction des VR Days, il y aura des présentations d’experts de la VR, des panels et des tables rondes. Cette session est imaginée pour rassembler des universitaires et des praticiens pour explorer et tracer un chemin pour mieux promouvoir la recherche et la pratique de la VR pour relever le défi universel de la douleur et de la souffrance. Comme des millions de personnes ont accès à la réalité virtuelle, nous poursuivons l’objectif d’amener l’industrie à adopter la technologie de la VR dans le domaine des soins cliniques.
Parmi les speakers au sommet Pain & Suffering Reduction, citons le chirurgien plasticien, reconstructeur et esthéticien Charles Nduka, l’expert en neurosciences de la douleur de Mindmaze Louis Derungs, le chercheur à l’Université de Barcelone Mel Slater, Dr JoAnn Difede reconnue pour son travail pionnier sur la réalité virtuelle dans le traitement du stress post-traumatique, et Albert “Skip” Rizzo, Directeur de la recherche à l’Institut des technologies créatives pour la réalité virtuelle médicale de l’Université de Californie du Sud.
Durant cette session, vous pourrez également entendre la vision de Bob Fine, Elena Lagostera, Daniel Prefasi, Nicolas Medrano, Louis Zantema, Alexander Padhaiski, Robert Majen, Dana Maria Faneker, Marlies Schijven, Heleen Boers, Alessio Meroni, et Tara Donkers.
Source : Medium