
Martina Pizzigoni
Crédits photos : Cette installation interactive génère un avatar numérique à partir de données personnelles d’internautes.
Dans une installation interactive inédite, l’artiste multimédia Martina Pizzigoni nous emmène dans une confrontation avec notre soi virtuel. En créant un avatar à partir de données personnelles de milliers d’utilisateurs d’internet, iel veut montrer comment le numérique a bouleversé notre quotidien et la construction de notre identité. L’œuvre digitale de Martina Pizzigoni fait partie de la sélection officielle de l’édition 2025 du festival d’art immersif Recto VRso.
Identité numérique vs existence réelle
Martina Pizzigoni est un⸱e artiste multimédia pluriel⸱le. Originaire d’Italie, iel vit et travaille désormais en Autriche où iel crée des expériences interactives. Ses recherches explorent le contexte social de notre société dominée par le numérique. Iel a déjà présenté son travail au festival Recto VRso l’année passée, avec le duo artistique qu’iel forme avec Alessia Fallica. Leur œuvre numérique « I died on Facebook » évoquait la notion de soi virtuel et posait la question de son existence après notre mort dans le monde réel.
Martina Pizzigoni revient cette année au festival en solo, pour présenter sa nouvelle installation interactive, « (Very) Neural System », dont le premier prototype a été exposé en 2024 lors du Elektron Festival au Luxembourg. Dans cette œuvre, Martina interroge la construction de notre identité dans une société qui devient esclave du numérique.
Depuis la nuit des temps, notre identité se construit à travers notre environnement et les normes qui nous sont imposées. Aujourd’hui, nous passons de plus en plus de temps en ligne, et cela impacte notre identité et nos comportements. « Les individus développent inconsciemment une intimité technologique et une dépendance aux appareils numériques », développe Martina. « La marchandisation des expériences de vie est devenue une caractéristique majeure de l’ère numérique, affectant profondément nos interactions et nos perceptions. »
Nos données personnelles nous représentent-elles vraiment ?
Pour réaliser cette installation, Martina Pizzigoni a utilisé des données personnelles récoltées par de grandes entreprises comme Google, Amazon, Apple ou encore Facebook. Iel avait déjà utilisé ce procédé avec « I died on Facebook » en reprenant des comptes commémoratifs créés sur le réseau social et dédiés à de vrais défunts. Ici, l’artiste s’est servi de cette data pour nourrir la connaissance d’un avatar numérique.
Le participant se place devant un écran où apparaît l’avatar, avec lequel il peut interagir. Plusieurs technologies sont mobilisées pour rendre cet échange possible : l’IA générative analyse les phrases du spectateur, captées par reconnaissance vocale, et génère les réponses de l’avatar. La synchronisation audio-visage anime ses lèvres en accord avec ses paroles, tandis que des capteurs de mouvement reproduisent la gestuelle du participant. L’ensemble donne vie à un avatar dystopique, à la fois troublant et familier.
Avec cette œuvre, Martina Pizzigoni veut montrer que nos données peuvent être manipulées facilement pour créer une version altérée et déformée de notre soi virtuel et donc de nous. « C’est un miroir de notre société contemporaine, où nos identités sont continuellement remixées et retravaillées à travers des algorithmes qui absorbent et redistribuent nos données. » Découvrez « (Very) Neural System » au festival Recto VRso du 10 au 13 avril 2025.