Qu'est-ce que le métavers ? Quels usages peut-on en faire ?
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Le Métavers est un concept autant fascinant que énigmatique dont beaucoup tentent d’en livrer une définition. L’État français s’est lui-même emparé de la question et a commandé une “Mission exploratoire sur le développement des métavers”. Tentons ensemble de décrypter les conclusions de l’avocat Adrien Basdevant et des chercheurs Camille François et Rémi Ronfard. Qu’est-ce que le Métavers ? Y-a-t’il un ou des métavers ?
Une définition du Métavers est-elle possible ?
À son apogée, le Métavers a connu à la fois fascination et confusion. Devenu rapidement un mot tendance et une opportunité marketing pour les plus grandes entreprises mondiales, le Métavers a souffert d’un éparpillement dans sa définition. Tout le monde voulait s’approprier le métavers, mais personne n’était capable de dire ce que c’est.
L’utilisation du terme par Meta (anciennement Facebook) n’a pas aidé à éclaircir sa définition, même si Mark Zuckerberg l’a érigé comme “le prochain chapitre d’Internet”. Cette appropriation marketing n’a fait que brouiller les pistes sur l’intérêt et les usages du Métavers, selon les rapporteurs. Ils évoquent une “certaine méfiance” et une “vision réductrice” de cette “accélération technologique”.
Un an après son ascension fulgurante, sait-on clairement ce qu’est le Métavers ? Est-ce une nouvelle version du web ? S’agit-il d’un univers accessible uniquement en réalité virtuelle ? La dimension sociale est-elle fondamentale à la définition du Métavers ? Pour bien comprendre le phénomène du Métavers, il est essentiel de remonter à ses origines.
Histoire et origines du métavers
De son apparition en 1992 aux premiers mondes virtuels
Le terme de “métavers” est apparu pour la première fois dans la littérature. C’est l’auteur Neal Stephenson qui l’utilise dans son roman de science-fiction, Le Samouraï virtuel. L’auteur décrit le Métavers comme “un monde numérique dans lequel il est possible de s’immerger à l’aide d’un avatar”. Stephenson parle même d’utilisation de monnaies électroniques cryptées, des années avant l’explosion des cryptomonnaies.
À partir de là, l’histoire du métavers n’est pas linéaire et implique de nombreux médias et technologies. En premier lieu, les jeux-vidéos : des univers où des utilisateurs du monde entier peuvent interagir et jouer ensemble, en incarnant des personnages. On se rapproche de la définition de Stephenson dans les années 90. À une différence près, selon les rapporteurs : “les joueurs [de jeux-vidéos] développent une identité propre et deviennent les acteurs d’une réalité sociale”. Il ne s’agit plus seulement de jouer, mais de vivre au sein d’une communauté. Selon les rapporteurs, le Métavers est une “fusion des jeux vidéo 3D temps réel et des réseaux sociaux”.
De cette fusion naissent les mondes virtuels. La première expérience à succès de métavers voit le jour avec la création de Second Life. “Les utilisateurs peuvent se créer des avatars et louer des espaces pour interagir socialement. Les principales activités des utilisateurs vont être la socialisation […] et le shopping […] et la production d’objets”, le tout grâce à une monnaie interne. D’autres mondes virtuels à but social s’en suivront, tels que VRChat, Mozilla Hubs ou encore Meta Horizon.
Métavers et réalité virtuelle : ennemis ou alliés ?
Il semble difficile de parler du Métavers sans évoquer la réalité virtuelle, et plus largement les technologies immersives. Le concept de Métavers lui-même est lié à l’immersion. Lorsque l’on parle d’expériences dans le métavers, on parle d’expériences immersives. Qu’est-ce que la réalité virtuelle apporte au métavers ?
Depuis les premières expériences de réalité virtuelle en 1965, jusqu’à l’apparition des premiers outils tel que le CAVE dans les années 90, la réalité virtuelle a énormément évolué. Aujourd’hui, les plus grandes marques développent des casques ultra-modernes, avec un seul but : se sentir de plus en plus immergé dans les expériences virtuelles. Cela passe par une meilleure qualité d’image, une réduction de la latence, la disparition des câbles, ou encore l’ajout d’add-on externes (sensibles, olfactifs, etc).
À l’heure actuelle, la technologie du casque VR apparaît comme un outil au service de plus d’immersion dans les métavers. La réalité virtuelle apporte ce que le métavers n’a pas : “l’interaction sensible” et “l’implication corporelle de l’utilisateur”, permettant ainsi des expériences métaversiques inédites et disruptives. En conclusion, “diverses technologies comme la réalité virtuelle […] permettent de dresser petit à petit les contours de ce à quoi [le métavers] pourrait ressembler”. La réalité virtuelle ne peut donc être dissociée du Métavers pour accélérer son développement.
Tentative de définition du Métavers
Après 30 pages consacrées à l’explication du Métavers, les rapporteurs en donnent une définition : “Un métavers est un service en ligne donnant accès à des simulations d’espaces 3D temps réel, partagées et persistantes, dans lesquelles on peut vivre ensemble des expériences immersives.” Avec cette définition, les rapporteurs tranchent sur la question : il n’y a pas un mais des métavers.
Le Métavers lorsqu’il est employé au singulier, comme ici dans notre article, fait référence au concept. Mais il existe bien plusieurs métavers, qui ont des caractéristiques différentes : hyperréalistes vs voxelisés, flats vs spatialisés. La définition met également en lumière un autre point essentiel : un métavers n’implique pas forcément la création d’un avatar. Plus que l’incarnation, c’est la notion de partage qui semble importante pour les rapporteurs : “La simulation est partagée par tous les utilisateurs connectés et se poursuit en leur absence.” Certaines expériences immersives peuvent se vivre sans avatar, notamment en réalité virtuelle ou augmentée.
Les auteurs du rapport distinguent 4 types de métavers :
- les métavers sans casques ni blockchain : les plus nombreux, comme le précurseur SecondLife, qui possède une monnaie virtuelle et une économie fermée.
- les métavers avec casque d’immersion mais sans blockchain : les petits nouveaux, qui se prêtent parfaitement au jeu des spectacles et concerts virtuels.
- les métavers sans casque mais avec blockchain : ceux qui intéressent le plus les artistes et créateurs, qui y voient la possibilité de vendre leur travail grâce aux NFT.
- les métavers avec casque et blockchain : les moins répandus car encore complexes d’accès et de mise en oeuvre.
Cette grande introduction de la Mission exploratoire sur les métavers nous éclaircit sur la définition du Métavers et ses caractéristiques essentielles. Le métavers est un univers complexe et prometteur, qui peut utiliser des technologies de pointe (blockchain, NFT, cryptomonnaies, réalité virtuelle et augmentée…). Un phénomène plein d’enjeux, de défis et de perspectives à venir.