L'institut Arts et Métiers forment les futurs experts des technologies immersives dans sa branche à Laval.
Crédits photos : Arts et Métiers
Arts et Métiers est une école d’enseignement supérieur qui forme ingénieurs, cadres de l’industrie et de la recherche. La branche de Laval axe son programme d’éducation autour des technologies immersives et de la 3D. Son équipe de recherche Présence & Innovation a créé en 2023 la chaire “iPerform” sur la performance collaborative via les technologies immersives et les mondes virtuels. Les Arts et Métiers seront présents au salon Laval Virtual du 10 au 12 avril 2024, sur le stand A52. Interview avec Benjamin Poussard, Ingénieur de Recherche à l’Institut de Laval.
Pouvez-vous présenter votre structure ?
Membre fondateur de l’Alliance pour l’Industrie du futur, Arts et Métiers compte 8 campus et 3 instituts. L’institut Arts et Métiers de Laval regroupe une équipe de recherche et d’enseignement « Présence et Innovation » du laboratoire LAMPA et une équipe de valorisation AMVALOR qui favorise les activités de recherche partenariale et de transfert de technologie entre les laboratoires Arts et Métiers et les entreprises. AMVALOR gère également pour les Arts et Métiers le label CARNOT ARTS qui rassemble les compétences pluridisciplinaires et les équipements de pointe de 23 laboratoires de recherche publique au service de l’innovation des entreprises partout en France.
À l’Institut Arts et Métiers de Laval, notre équipe de chercheurs et d’ingénieurs XR dispose d’équipements technologiques à l’état de l’art. Elle est capable de développer des simulations interactives et de déployer des expériences immersives grandeur nature pour répondre à tous les cas d’usage de nos partenaires industriels.
Aux Arts et Métiers, les partenaires de la recherche et de l’industrie collaborent pour développer, mettre en œuvre et évaluer des projets et des compétences afin de réaliser des avancées innovantes en matière de recherche, d’applications et de technologies en réponse aux changements technologiques rapides. Cette approche permet à l’école de maintenir les plus hauts niveaux d’expertise. De plus, Arts et Métiers a été impliqué dans de nombreux projets européens, à la fois en tant que partenaire et coordinateur.
Que proposera votre entreprise lors du salon Laval Virtual 2024 ?
Nous proposerons trois services : la recherche, la formation et la valorisation. Nous proposons des services auprès des entreprises pour contribuer à l’excellence de la recherche scientifique appliquée en France. Pour la recherche, nous présentons les dispositifs qui permettent d’accompagner les entreprises (projets collaboratifs, encadrements de thèses CIFRE). Nous présenterons des travaux en cours sur les agents virtuels et avatars, ainsi que sur l’évaluation de l’acceptabilité technologique dans un contexte de formation.
En ce qui concerne la formation, nous ferons la promotion de nos contrats d’alternance de nos 2 masters : le Master Management des Technologies Interactives 3D (MTI3D), qui forme des experts technologiques XR et qui sont capables de mener des projets XR de bout en bout ; et le Master des Technologies Emergentes pour l’Education et la Formation (TEEF), qui forme des ingénieurs pédagogiques spécialistes dans les technologies émergentes, comme la XR et l’IA générative.
Côté valorisation, nous proposerons nos services de R&D et d’ingénierie aux entreprises souhaitant progresser sur les technologies 3D temps réel, via le conseil, l’accompagnement et la réalisation d’études sur mesure. Notre transversalité nous permet d’adresser tous les secteurs, aussi bien pour l’industrie manufacturière que pour la santé, la culture, le sport et la formation. Nous présenterons deux produits d’entreprise nés à l’institut : Bimeo (application AR permettant le scan 3D en réalité augmentée de pièces et la reconstruction d’une maquette BIM) et Cycleo (vélo connecté permettant aux personnes à mobilité réduite et aux senior de reprendre goût au sport).
Quelle est l’innovation du moment de votre entreprise ?
Notre laboratoire a très rapidement pris en main sur les sujets liés à l’IA générative et les agents virtuels. Nous avons plusieurs développements et expérimentations en cours qui permettent de franchir un cap dans l’accompagnement des utilisateurs dans les environnements virtuels immersifs ou en réalité mixte.
Quelle innovation a le plus transformé le monde de la VR/AR selon vous ?
Sans conteste, l’IA générative car elle apporte des outils à tous les niveaux de la chaîne. Dans un premier temps, je crois que si l’on utilise correctement les modèles de langage, ils peuvent être des outils très puissants pour l’inspiration. De même que la génération d’images peut venir illustrer des concepts et faciliter la communication dans une équipe projet. Ensuite, il est possible aujourd’hui de peupler les mondes virtuels en créant des objets 3D à partir de simples requêtes texte. Cela ne vaut pas encore un modèle 3D spécifiquement conçu pour le temps réel, mais rend accessible la création 3D, qui était réservée aux artistes jusqu’alors.
Enfin, les personnages virtuels des jeux vidéo comme des environnements immersifs professionnels manquent souvent de spontanéité, de naturel, car les comportements sont codés à l’avance. Les modèles de langage nous permettent de développer des usages où les comportements ne sont pas pré-écrits et permettent d’aller plus loin dans l’interaction avec l’utilisateur, favorisant le sentiment de présence et potentiellement la performance dans ces environnements virtuels. C’est une technologie qu’il faut comprendre et savoir intégrer pour développer les usages de demain.
La baseline de notre 26e édition est “Act For The Future”. Selon vous, comment les technologies immersives peuvent-elles impacter le monde de demain ?
Cette baseline est très juste, et insiste sur le fait que nous devons être responsable. Je pense que les innovations qui doivent être présentées doivent être à l’image des enjeux de la société actuelle, c’est-à-dire des technologies qui aident les entreprises et les personnes à aller dans le bon sens, mais aussi en lien avec la capitalisation des connaissances, la santé, ou des outils pratiques comme nous le faisons avec l’application Bimeo, outil essentiel pour la politique de rénovation des logements. Ces projets doivent être menés dans une logique de réponse à des besoins identifiés et non pour se faire plaisir.
En revanche je reste persuadé que des mauvaises directions sont toujours possibles. On peut parler du cloud rendering ou du remplacement technologique. Je ne suis par exemple pas partisan de l’usage intensif des technologies de cloud rendering, qui une fois déployées auraient un impact considérable même si j’admire la performance technologique. La responsabilité signifie que ces technologies peuvent exister mais surtout pas se massifier. Et malheureusement je ne suis pas sûr que les industriels du secteur soient du même avis.
Je pense que les technologies immersives disruptent notre manière de voir les choses ou de travailler et penser. Et je les vois comme des outils utiles à un moment précis, pour une tâche précise. Je ne pense pas qu’on soit proche d’un remplacement technologique pour du tout immersif, par exemple supprimer sa télé, son smartphone, sa tablette, son PC, et ne garder qu’un casque ou des lunettes qui intégreraient tout. Et je pense également que ce remplacement pourrait avoir des conséquences néfastes sur les liens sociaux. Donc pour agir pour le futur, préservons nos liens humains, restons terre à terre, préservons notre planète et utilisons ces formidables technologies là où il y a du sens à les utiliser.