La société lavalloise Inod a conçu un outil pour organiser des événements virtuels.
Crédits photos : Inod Solutions
Inod est une société fondée à Laval en 2016, qui imagine des solutions immersives pour les professionnels. Les projets créés par Inod répondent principalement à des besoins de communication, marketing et aide à la vente. Avec la crise sanitaire et l’annulation des événements physiques, Inod a perdu une majorité de ses commandes. Mais la société a vite rebondi et ce moment de difficulté s’est transformé en opportunité. En effet, Inod a créé sa propre solution de salon virtuel. Anthony Hacques, cofondateur d’Inod, nous raconte comment cette solution est née et a grandi au fil des mois.
En 2020, vous avez créé votre solution de salon virtuel. Comment a démarré cette aventure ?
C’est grâce à des contacts que je connaissais dans le passé. On s’est revu dans le Laval Virtual World [en avril 2020, ndlr]. On voulait faire un salon virtuel, comme le Laval Virtual World, mais sans la problématique de devoir installer une application, qui peut être un problème dans certains cas. On a donc travaillé ensemble sur une première réalisation au mois de mai.
Entre mai et aujourd’hui, avez-vous réalisé d’autres salons virtuels ?
En juin, on a réalisé le premier salon virtuel, en 3 semaines, pour la société LAFI. Il y avait 40 exposants de renom (Microsoft, Acer, HP, Intel, AMD), dont d’importantes entreprises de l’informatique. Il y a eu 500 participants sur une journée sur cet événement privé, avec des grands comptes en tant que visiteurs. Ça a bien fonctionné et on a réitéré cinq dates de salon avec le même client en fin d’année 2020. Le fait que ce soit un salon en ligne qui propose une expérience de découverte 3D plaît énormément en termes de fluidité et d’accessibilité notamment.
Votre solution a aussi été retenue pour le West Data Festival en février dernier.
Oui, on est proche de Laval Mayenne Technopole depuis des années. Au détour d’une discussion avec Christophe Travier [directeur de LMT, ndlr], j’ai montré notre solution de salon virtuel, et il a aimé. Il a directement dit : “Cela pourrait être bien pour le West Data Festival !”. Après ça, on a tout simplement mis en place le salon. À partir du moment où c’était validé, on a fourni nos prérequis aux exposants qui nous ont envoyé les éléments nécessaires. Ensuite, notre équipe s’est occupée de toute l’intégration.
Vous parlez d’intégration. Cela veut dire que vous intégrez des éléments dans un espace virtuel généré en amont ?
De base, on a un environnement avec une typologie de stands, et seul l’aménagement de l’espace accueil est standardisé. C’est la proposition de départ. Si un organisateur nous dit “ça me convient”, notre job, une fois que les exposants sont connus, est d’être en relation avec eux, récupérer leurs données pour les intégrer, et après on fournit la plateforme telle qu’elle est dans sa forme standardisée. Après, on peut personnaliser à foison un événement. Autant dans l’environnement que dans les stands créés, on peut vraiment partir sur des environnements complètement différents. Actuellement, on fait un événement pour un grand compte, le Crédit Agricole Anjou Maine, avec un environnement et un design totalement différent.
Vous fournissez donc des services sur-mesure avec votre solution ?
En effet, et en fonction des besoins des clients. Il arrive qu’un client veut avoir sa propre identité dans l’environnement. Souvent, c’est qu’il a une vision à long terme de l’utilisation du salon, et pas forcément une utilisation one-shot. Il veut donc s’approprier le design. Alors, il nous missionne pour créer tout de A à Z en écrivant un cahier des charges. Pour ça, nous avons l’avantage d’avoir notre propre studio de production de contenu 3D. Pour les grands corporate, cette solution permet d’avoir une vitrine constante, avec la possibilité d’organiser des événements ponctuels (des conférences, une animation avec des stands etc).
Concrètement, comment se présente votre solution lorsque l’on entre dans un salon virtuel conçu par vos soins ?
Simplement, il y a des stands d’exposants, et on a la possibilité de rentrer en contact avec eux. Quand c’est un temps fort, on rentre directement en relation en visioconférence avec l’exposant, ou alors on prend un rendez-vous via un lien et un calendrier. Notre but est de vraiment mettre en avant les exposants et de créer du lead. Il y a également une partie où on peut intégrer un programme de conférences et de temps forts (ateliers, présentation de produits…). Ici, chaque participant peut participer au créneau qui l’intéresse.
À l’issue de l’événement, on est également capable d’apporter de la donnée commerciale aux exposants. On peut leur dire quel visiteur s’est rendu sur quel stand ou a cliqué sur tel élément. Cela permet aux exposants d’avoir de la donnée commerciale à exploiter pour recontacter le client après coup, et donc de générer du business derrière. Le but principal est là.
Est-ce que vous pensez que ces solutions d’événements virtuels et hybrides vont perdurer au-delà du contexte que nous vivons aujourd’hui ? Est-ce une solution d’avenir ?
J’y crois ! Après, on ne sait jamais… Souvent, on est persuadé que ça va rester, mais on se dit aussi que quand la vie va redevenir à la normale, les gens vont oublier. Il y aura peut-être un moment de flottement quand on pourra se rencontrer en physique et passer des soirées ensemble, où on dira “stop les avatars et le virtuel”. À la sortie de la crise, il y aura un creux. En plus, les acteurs de l’événementiel auront un retard d’activité à rattraper. Mais assez rapidement, je pense qu’il se pencheront sur le virtuel pour plein de raisons : prolonger l’événement, élargir l’audience notamment.
En plus, aller sur un salon physique demande beaucoup de logistique, des coûts et du temps. On a tous des planning ultra chargés et on n’a pas forcément le temps d’aller à tous les événements qui nous intéressent. Avoir un “pendant” virtuel de l’événement physique sera donc quelque chose d’important. Le virtuel permet aussi d’avoir un avant et un après, pour préparer sa visite réelle en amont et pour retrouver un stand ou une conférence quelques jours après en virtuel.
Vous voyez cet engouement pour le virtuel de votre côté ?
On voit que les organisateurs s’intéressent au virtuel, nous disent qu’ils envisagent à terme de passer en hybride et les gestionnaires de site se le disent aussi. Ils veulent avoir dans leur catalogue de services une ou plusieurs solutions de plateformes digitalisées pour avoir un format hybride. Tout l’enjeu qu’on a chez Inod en tant qu’apporteur de solution, c’est d’arriver à interconnecter au mieux le physique et toutes les applications qui peuvent tourner en parallèle.
Dans l’événementiel, il y a souvent des solutions de matchmaking très développées, comme un LinkedIn réservé à un événement, et à côté il y a des solutions comme la nôtre ou le Laval Virtual World où il y a un monde virtuel, où on peut se balader, rencontrer des gens, mais qui inclut moins la possibilité d’avoir du matchmaking et des rendez-vous BtoB bien préparés dans la seule et même solution. Je pense que tout l’enjeu est là, d’arriver à interconnecter toutes ces solutions qui peuvent exister.
Avez-vous d’autres projets relatifs au virtuel que vous souhaitez mettre en place à l’avenir ?
Sur la partie salon virtuel, on a une feuille de route pour les faire évoluer. À l’avenir, on mise aussi sur les showrooms virtuels pour les entreprises qui font du commerce à l’international ; là aussi la demande est croissante. La crise du COVID a accéléré les besoins là-dessus. Aujourd’hui, les commerciaux ne peuvent pas du tout se déplacer pour montrer leurs produits et faire leur business. Ils ont besoin d’un outil digital pour présenter leur savoir-faire. C’est quelque chose qui va rester dans le futur, comme les salons virtuels, et les entreprises vont chercher à avoir ces solutions à disposition sur le long terme. C’est le même principe que pour la solution de salon virtuel, sauf qu’on intègre les produits du client en 3D. On pousse la personnalisation à 100%.