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A l’heure de la crise sanitaire que nous vivons tous actuellement, les professionnels de santé ont besoin d’être plus réactifs que d’habitude. L’ampleur de cette situation et la multiplication des patients demandent également énormément de matériel. De la même manière, la population, confinée chez elle, doit continuer à avoir accès aux services de santé. La VR/AR, ainsi que les technologies connexes, peuvent apporter ce soutien précieux aux professionnels de santé (urgentistes, médecins, infirmiers) et aux patients.
Récemment, le gouvernement a lancé un appel aux fournisseurs pour soumettre leur solution de télémédecine. Il demande n’importe quelle “solution logicielle de téléconsultation/télésuivi infirmier et/ou de partage sécurisé de documents”. Plusieurs professionnels des nouvelles technologies, dont la VR/AR, ont déjà répondu aux besoins du personnel de santé. Outre cela, des solutions technologiques existent déjà pour aider les patients et les médecins dans les périodes d’urgence et de gestion de crise.
Les fournisseurs de solutions se mobilisent
Plusieurs entreprises ont mis à disposition des solutions de technologie pour aider pendant la crise sanitaire actuelle. L’entreprise PICC Software offre son expertise dans l’intelligence artificielle et le deep learning. Associée à son partenaire luxembourgeois FIRIS, elle a décidé de “fournir gracieusement” sa solution d’intelligence artificielle PICC. L’outil permettra au personnel soignant et aux scientifiques de booster la recherche sur le virus, mais aussi de mieux gérer la prise en charge des malades et la situation générale. Pour la crise actuelle, la solution PICC aidera à faire des analyses complexes de la situation présente, mais aussi passée et future pour mieux résoudre les problématiques. Elle met également à disposition une plateforme où des professionnels de santé peuvent se rencontrer digitalement et échanger. L’intelligence artificielle permet ainsi de faciliter les soins, de fiabiliser les décisions et d’améliorer la gestion de la crise pour les personnels et les usagers.
Par ailleurs, l’entreprise marseillaise Protube VR apporte son aide dans cette crise sanitaire. Dans un tweet du 17 mars 2020, elle indique qu’elle possède “la plus grosse unité de production d’impression 3D de Marseille”. L’entreprise se propose de lancer la production de matériels médicaux grâce à 23 imprimantes 3D. Une opération comme celle-ci avait été lancée en Italie. Les valves pour des appareils de soins respiratoires intensifs imprimées ont sauvé la vie de dizaines de patients. Protube VR fait donc appel aux personnels hospitaliers pour connaître les besoins.
Des dispositifs de visites virtuelles mis à disposition
Cette période de confinement de la population implique une sur-sollicitation des cabinets et établissements médicaux. Ainsi, les professionnels de santé et les autorités encouragent vivement les consultations à distance. Il existe déjà des outils de téléconsultation. Si la pratique n’est pas encore démocratisée en temps normal, elle permet de continuer à avoir accès aux services de santé sans risques de contamination.
La téléconsultation favorisée pour soulager les hôpitaux
Dans ce contexte d’urgence, la téléconsultation aide à combattre le virus et à freiner la pandémie. Les patients qui ont des symptômes peuvent faire appel à la téléconsultation pour se mettre en contact avec un médecin. Cela évite qu’il se rue vers le cabinet et qu’il prenne le risque de contaminer d’autres patients. Plusieurs fournisseurs ont mis à disposition leur outil de téléconsultation pour aider à contenir l’expansion de la maladie.
La société MEDITECH a annoncé récemment qu’elle offrait l’accès à sa plateforme de visites virtuelles gratuitement. Accessible par ses clients pendant 6 mois, elle va permettre de mieux gérer la prise en charge des patients. Grâce à la visite virtuelle, les personnes qui ont besoin d’assistance sont identifiées et elles ne répandent pas le virus car la consultation se fait à distance. Le médecin peut dépister et traiter le patient à distance, et l’envoyer dans un autre établissement de santé s’il a besoin de se faire tester ou d’avoir des soins plus approfondis. Cela permet également de désengorger les hôpitaux et les numéros d’appel d’urgence qui sont énormément sollicités.
Des groupes de soutien en VR pour les personnes isolées
XRHealth, un acteur de la VR/AR dans le domaine de la santé, met également à disposition sa solution de téléconsultation. Il s’agit d’un outil de télémédecine en réalité virtuelle. XRHealth propose à certains patients d’accéder à des groupes de soutien pendant la période de crise sanitaire. Ces groupes s’adressent à des patients atteints de pathologie qui peuvent se sentir isolés et anxieux face au virus. Les patients pourront donc se retrouver à plusieurs en réalité virtuelle pour échanger et garder des interactions humaines.
“La réalité virtuelle offre des opportunités de guérison aux patients qui ne quittent pas leur maison et qui souffrent en silence”, explique Eran Orr, Directeur général de XRHealth. “L’un des problèmes les plus troublants pendant la crise du coronavirus c’est que les gens sont obligés d’être isolés et nous pensons que les groupes de soutien virtuels en VR pourront atténuer la solitude et l’isolement”. Les patients peuvent aussi être en contact directement avec des médecins.
La VR/AR aide la recherche scientifique
Outre l’accompagnement des patients et des médecins, la réalité virtuelle s’adresse aussi aux chercheurs en laboratoire. Ils peuvent utiliser l’outil pour améliorer les recherches notamment pour la fabrication de médicaments. On dénombre plusieurs cas où la réalité virtuelle est mise à profit pour observer les molécules et les manipuler pour comprendre comment le médicament agit, et pouvoir prédire son efficacité. Des chercheurs de l’Université de Bristol sont les pionniers dans l’utilisation de la réalité virtuelle dans la fabrication de nouveaux traitements médicamenteux.
Parmi les exemples, on peut citer celui de Novartis, un groupe pharmaceutique suisse. Les chercheurs utilisent la réalité virtuelle pour améliorer plus rapidement la composition moléculaire d’un nouveau médicament en facilitant la communication entre les scientifiques et en leur permettant de voir plus clairement la machinerie biologique. Concrètement, en enfilant un casque VR, les chercheurs se plongent dans un rendu en 3D de la molécule et peuvent tourner autour. Le chercheur peut alors observer les interactions de la molécule et notamment celles avec le médicament en phase de conception. De plus, l’outil de réalité virtuelle permet à plusieurs scientifiques du monde de se retrouver autour d’une structure chimique pour échanger. Cela permet de gagner du temps pour l’ajustement de la composition moléculaire du médicament.
Sur le même principe, un chercheur a utilisé la réalité virtuelle pour modéliser le virus COVID-19. Le docteur Michael Kuiper, un modéliste bio-moléculaire au laboratoire de recherche du gouvernement australien, a généré des modèles et analysé des simulations moléculaires. Cela pourrait aider à accélérer les avancées sur des vaccins potentiels sur lesquels l’équipe scientifique travaille. En visualisant le COVID-19 en réalité virtuelle, le docteur explique dans une étude qu’il peut décomposer sa structure de manière à savoir quelle molécule pourrait le combattre et surtout pour anticiper les mutations du virus.
Une fois de plus, les techniques immersives et ses technologies connexes apportent, si ce n’est des réponses, des solutions pour soutenir les personnes touchées par la crise sanitaire actuelle. En dehors du domaine de la santé, la VR/AR a aussi un rôle à jouer dans le nouveau mode de travail que le confinement impose indirectement. Avec le télétravail, la collaboration à distance et les réunions peuvent être facilitées par l’immersion. Par ailleurs, dans le domaine de l’éducation, les technologies immersives peuvent être un moyen de faire l’apprentissage des enfants à la maison d’une autre manière.