Les technologies immersives aident à sensibiliser la population sur le changement climatique.
Crédits photos : Markus Spiske (Pexels)
Les technologies immersives sont un puissant outil pour faire de la prévention et de la sensibilisation. L’immersion permet d’apercevoir la réalité d’aujourd’hui ou de demain. Ainsi, la réalité virtuelle peut aider à sensibiliser la population sur son impact sur l’environnement. Laurent Chrétien, directeur de Laval Virtual, a sélectionné cinq cas d’usages qui montrent comment les technologies immersives peuvent être mises à profit pour sauvegarder notre planète.
Les récents événements l’ont prouvé : les technologies immersives peuvent nous aider à mieux consommer. Les mondes virtuels en sont un exemple. En réalisant des réunions et des événements à distance, les déplacements sont considérablement réduits. Le développement des outils immersifs a permis de nous rendre compte que notre empreinte carbone pouvait être largement et facilement améliorée. De nombreuses expériences de réalité virtuelle tentent aujourd’hui de montrer l’étendu de l’impact humain sur l’environnement.
Mesurer et montrer l’impact humain sur notre planète
La réalité virtuelle est l’outil idéal pour montrer les impacts de l’activité humaine sur l’environnement. Elle permet de montrer des images du futur : où la déforestation a eu raison de la forêt Amazonienne, où la faune et la flore sont détruites par des incendies ravageurs. Be Earth est une expérience de réalité virtuelle avec des images impactantes dans le but de montrer la réalité de demain. Elle a été développée par l’organisation à but non lucratif XR Impact, en collaboration avec les Nations Unies et des experts du climat.
L’expérience nous plonge au cœur de la forêt Amazonienne au Brésil. Dans le casque, l’utilisateur observe les incendies provoqués volontairement par l’Homme pour la culture et l’élevage. L’expérience alerte sur cette pratique, qui a des conséquences sur l’écosystème entier. Elle met les utilisateurs face à des images graves, tout en donnant des conseils. Le but n’est pas de moraliser mais d’expliquer comment, à sa petite échelle, on peut agir pour changer les choses au quotidien. Be Earth est mise à disposition gratuitement, afin de sensibiliser le plus de personnes possibles.
En termes d’outil de sensibilisation à l’environnement, il existe également “Meet your carbon footprint“, une expérience de réalité virtuelle. Elle est née d’une collaboration entre le Programme des Nations Unies pour l’Environnement et la plateforme Playstation “Dreams” Sony. Son but est de montrer à chacun son impact environnemental de manière concrète. Comment ? Dans l’environnement virtuel, l’utilisateur se retrouve face à une boule de gaz colorée qui représente son empreinte carbone.
L’expérience le guide ensuite à travers plusieurs étapes de la vie quotidienne et montre leur conséquence sur la planète. Par exemple; lors du petit-déjeuner, on explique que l’on peut réduire son empreinte carbone en évitant les emballages, en mangeant des fruits de saison, en réduisant sa consommation de viande. Au cours de l’expérience, la boule de gaz devient plus grande ou plus petit, selon les habitudes de consommation de l’utilisateur. C’est un très bon moyen pour mieux comprendre et mesurer son propre impact individuel.
Sensibiliser sur la disparition de la faune
D’une autre façon, les technologies immersives sont utilisées pour aider à la protection des espèces menacées. Les organisations non gouvernementales puisent dans la réalité virtuelle et augmentée pour attirer l’attention sur leur cause respective. C’est le cas de l’association Sea Sheperd, qui lutte pour la protection de la vie marine. Elle a travaillé avec le studio de création Resn, pour lancé une application de réalité augmentée.
Baptisée “Bellow the Surface”, cette application alerte sur le phénomène de la “prise accessoire”. C’est un terme de l’industrie de la pêche qui désigne les animaux qui se retrouvent attrapés dans les filets. En 2019, ce problème a causé la mort de 11 000 dauphins sur la côte Ouest française. Lorsque l’application se lance, une petit planète s’affiche devant l’utilisateur. En zoomant, il se retrouve dans un environnement 360 qui simule une scène dans l’océan. La scène montre un dauphin pris dans les mailles d’un filet, et d’autres qui sont rejetés par le bateau de pêche.
Outre la sensibilisation, les techniques immersives peuvent même permettre de participer à la protection des espèces en extinction. En Australie, des chercheurs universitaires utilisent une combinaison de réalité virtuelle et d’images thermiques prises grâce à des drones pour protéger l’habitat des koalas. C’est un nouveau modèle d’analyse qui permet de prédire l’emplacement de l’habitat des koalas. Au lieu d’envoyer les 82 chercheurs sur le terrain, des images 360 sont projetées dans des casques ; cela permet de ne pas perturber l’habitat naturel.
“Si vous pouvez prédire où se trouvent les koalas et les types d’habitats dans lesquels ils vivent, alors vous savez non seulement où aller pour continuer à les surveiller, mais aussi les zones que vous devez protéger.” – Docteur Catherine Leigh
La réalité virtuelle est utilisée pour protéger une autre espèce, marine cette fois-ci : le corail. Les coraux seront sûrement le premier écosystème à s’éteindre, à cause du changement climatique et de l’acidification des océans. Leur disparition est importante. C’est pourquoi l’artiste socio-écologiste Colleen Flanigan a créé une structure en acier qui est devenue un récif de corail vivant ! Elle se trouve au fond de la mer à Cozumel au Mexique.
Cette structure sous-marine est chargée d’un courant à basse tension qui provoque le dépôt de minéraux marins à sa surface. Cela forme ainsi un substrat naturel sur lequel les coraux peuvent se cimenter. L’objectif est de fournir un habitat pour la biodiversité marine menacée. Pour fabriquer cette structure, l’artiste a utilisé l’outil de réalité virtuelle Tilt Brush. L’application permet d’enrichir son design, en ajoutant des poissons et des coraux par exemple, afin de simuler et d’observer l’évolution des habitats.
Il est certain que la réalité virtuelle est un outil formidable pour servir des causes nobles. La création d’environnements 3D fictifs et la plongée en immersion permettent notamment de sensibiliser à l’impact environnemental. C’est une approche intéressante d’autant plus que la majorité de ces applications peuvent être testées par le grand public. C’est une bonne manière de bousculer les modes de consommation de la population.