Crédits photos : Judith Guez
Dans le cadre du Laval Virtual World, le festival d’art et de réalité virtuelle Recto VRso propose aussi une édition virtuelle. Du 22 au 24 avril, entrez dans le monde virtuel et venez rencontrer des artistes, assister à des conférences artistiques, et admirer une réinterprétation virtuelle de l’exposition de l’Art&VR Gallery.
Depuis sa création en 2018, le festival Recto VRso a toujours questionné le lien entre réel et virtuel. Le tournant pris par Laval Virtual en 2020 a permis à l’équipe artistique d’aller plus loin dans cette réflexion. Judith Guez, créatrice, directrice et curatrice du festival, se réjouit de cette évolution.
Que pouvez-vous nous dire sur l’édition 2020 de Recto VRso ?
L’information importante c’est qu’on reporte l’exposition Corps réel/Corps virtuel à l’année prochaine, du 14 au 18 avril 2021. On essaye d’avoir les mêmes artistes, pas mal d’entre eux ont déjà confirmé. Avec Recto VRso, nous sommes dans une dynamique d’exposition autour d’une thématique. C’est donc la rencontre et la curation autour de cette thématique qui est importante. Nous pouvons donc sans problème reporter cette exposition.
Cela veut-il dire qu’une partie de Recto VRso se tiendra pendant le Laval Virtual World ?
Pour 2020, on fait une édition Recto VRso virtuelle. Elle comprend plusieurs choses : tout ce qu’il se passe du 22 au 24 avril, mais aussi ce qu’il va se passer dans les prochains mois. Du 22 au 24 avril, dans le Laval Virtual World, il y a un bâtiment de 4 étages qui est un lieu de networking autour de Recto VRso qui présente le festival à travers 15 écrans : la galerie, le parcours artistique, les catalogues 2018 et 2019, etc. Ce sera un lieu qui vit autour de la communauté artistique de Recto VRso. Le dernier étage est plus axé sur la présentation des artistes avec des vidéos. Il y aura des espaces pour les artistes, des espaces de networking, des espaces de rencontres. C’est un lieu de rendez-vous pour l’art.
Qu’en est-il des œuvres ? Pourra-t-on les admirer dans ce monde virtuel ?
L’exposition physique est reportée, elle se tiendra au Musée des Sciences de Laval (comme en 2019, ndlr). Ce qui fait que l’espace initial et toute la scénographie que j’avais créé dans la chapelle n’aura pas lieu (l’exposition de l’Art&VR Gallery devait se tenir dans la chapelle du lycée Ambroise Paré à Laval, ndlr). On s’est donc dit qu’on allait créer une exposition virtuelle de l’Art&VR Gallery de Recto VRso 2020, avec la scénographie prévue. J’ai utilisé Unity pour recréer toute la scénographie. Julien Lomet m’a beaucoup aidée sur la modélisation en 3D de la chapelle notamment, ainsi que les artistes qui ont donné des éléments 3D de leurs œuvres. Mais ce ne sont pas les œuvres qu’on présente, l’équipe de Recto VRso les réinterprète et crée une exposition à partir des éléments fournis par les artistes. C’est une libre interprétation, en cohérence au mieux avec ce qu’on voulait faire au départ.
C’est très intéressant et ça ouvre un champ de recherche : comment on peut présenter des œuvres immersives et interactives dans une scénographie virtuelle ? On travaille dessus depuis un mois. La première étape sera présentée du 22 au 24 avril. On fera une vidéo de cet espace qui présentera chaque oeuvre, et nous sommes aussi en train de tester une intégration web. Sur le site de Recto VRso, on cliquera sur un bouton qui ouvrira une fenêtre Unity et on pourra se balader dans une version simplifiée de l’exposition virtuelle. À terme, l’idée est d’avoir une expérience de réalité virtuelle qui sera exposée en 2021.
Exposition virtuelle, rencontre avec les artistes, networking… Le programme de cette édition virtuelle est riche !
On ouvre aussi un programme de conférences sur le thème de l’art qui se passera dans un théâtre à l’intérieur de VirBELA. Le 22 avril, je présenterai Recto VRso et je vais beaucoup questionner ce qu’il se passe actuellement, l’actualité. L’idée c’est de voir comment on peut présenter des œuvres de réalité virtuelle dans un environnement virtuel, et voir quelles sont les adaptations. Le festival VRHAM va venir pour expliquer comment ils se réadaptent pendant cette période. L’après-midi sera guidé par le chercheur Joris Weijdom autour de la création d’oeuvres virtuelle, avec notamment des artistes du Recto VRso. Il y aura aussi l’artiste-philosophe Suzanne Beer qui présentera son livre autour du musée virtuel. Le 23 avril, il y aura une session de discussions créée par Julie Walsh, une curatrice américaine qui va aussi aborder ces sujets de la virtualisation dans l’art.
Cette exposition virtuelle ouvre une nouvelle page de la création artistique en réalité virtuelle.
Mon sujet de recherche était beaucoup lié aux mises en abîme, aux plongées, etc. Quand un spectateur rentre dans un lieu d’exposition, il plonge dans un imaginaire, et ensuite en voyant une oeuvre, il replonge dans celle-ci. Là, avec le virtuel, ça fait encore un pallier. Tout mon sujet de recherche est sur comment on transporte le spectateur de plus en plus dans l’émerveillement et dans l’imaginaire des œuvres.
Les artistes sont-ils aussi enthousiastes que l’équipe du festival ?
Généralement, les retours des artistes sont très positifs. La période peut être très dure pour eux, car pour certain leur vie est d’exposer, ils vivent d’exposition. Certains ont apprécié notre réadaptation si rapide et cette opportunité d’exposition sous une forme virtuelle. Nous réfléchissons aussi comment cette exposition virtuelle pourrait aider à la présentation et la diffusion des œuvres, et comment on pourrait aussi l’exposer dans d’autres lieux et temps (l’avantage du virtuel). J’aimerais aussi pouvoir faire des visites multi-utilisateurs, des rencontres à plusieurs. Cette exposition virtuelle va ouvrir des portes !