Les Laval Virtual Days Food se sont tenus le 22 octobre dans le Laval Virtual World.
Crédits photos : Laval Virtual / VirBELA
Le 22 octobre, Laval Virtual a donné rendez-vous dans son monde virtuel pour les Laval Virtual Days Food. Première édition de cet événement, maintenant mensuel, autour du secteur agroalimentaire. Des professionnels de l’agriculture et de l’alimentaire ont partagé l’expérience qu’ils ont eu avec les technologies immersives. Formation, prévention des risques, pédagogie nutritive : les sujets étaient variés. Une question rythmait la demi-journée : comment intégrer la réalité virtuelle dans l’agroalimentaire, à l’heure où elle est déjà très présente dans les autres industries ?
La transformation numérique progressive du secteur agroalimentaire
“Le numérique change la donne, les rythmes, le rapport au temps, à l’espace, aux individus, aux organisations et aux processus.” C’est ainsi que Catherine Guyonnet, Directrice de l’Innovation et des Services aux Entreprises et Actifs chez OCAPIAT, introduit sa pensée. Les technologies ouvrent de nouvelles perspectives dans le secteur agroalimentaire, y compris la réalité virtuelle. “La crise sanitaire a créé une urgence“, explique-t-elle. En effet, les entreprises ont été obligées de se réadapter en adoptant le distanciel. Celui-ci s’est rapidement imposé, et “a ouvert une voie royale au numérique.”
Mais le défi se trouve dans la façon de trouver le juste milieu entre distance physique et distance humaine. Catherine Guyonnet accorde une grande importance à l’accompagnement des entreprises dans leur processus de digitalisation. Il faut savoir choisir les bons outils digitaux et les intégrer à bon escient, en fonction du bon référentiel. “Quand faut-il mettre du serious game ? Ou de la réalité virtuelle ?” OCAPIAT est un opérateur de compétences chargé d’accompagner la formation professionnelle, notamment dans le secteur agroalimentaire. L’organisme est persuadé que les nouvelles technologies, y compris immersives, représentent une opportunité de restaurer l’attractivité de la formation.
Outre la formation, la réalité virtuelle et augmentée peuvent être utiles pour d’autres fonctions. Dans toutes les industries, il existe 6 usages principaux, comme Marie Leblanc, Responsable des Services à Laval Virtual, l’explique : la conception, la formation, l’aide à la prise de décision, l’assistance aux opérateurs, le marketing et la communication, la vente. Elle rappelle très justement que les technologies immersives n’ont pas suscité de besoin immédiat dans le secteur agroalimentaire. Aujourd’hui, néanmoins, on les utilise principalement pour la surveillance à distance et les alertes, par exemple pour les cultures. La visualisation des données permet de se projeter dans la croissance des végétaux. La réalité augmentée, de son côté, sert d’assistance et d’aide pour le traitement des champs. Ainsi, “on observe de plus en plus de cas d’utilisation des technologies immersives dans l’industrie agricole et agroalimentaire“.
La formation, un usage mûr de la réalité virtuelle dans l’agroalimentaire
“Une image vaut mille mots”
Réalité virtuelle et réalité augmentée s’imposent progressivement dans le secteur de l’agroalimentaire. L’une des portes de la digitalisation des entreprises est la formation des employés. Pour beaucoup de structures professionnelles, l’idée est de mettre à profit une pédagogie interactive. Xavier Negrie, Responsable Formation et Campus chez Agromousquetaires, raconte l’ouverture d’un campus en 2018 qui intègre les outils digitaux dans la formation. Des classes virtuelles existent depuis cette même année, et qui ont été réutilisées pendant le confinement. “Il y a eu un besoin de réactivité, de gagner en rapidité, de se former juste à temps“. Selon lui, “les méthodes pédagogiques, traditionnelles et digitales, vont se compléter.“
Irène Azar, Chef de projets Innovation chez OCAPIAT, a présenté pour l’occasion une plateforme de formation immersive : Entreprise Virtuelle. Le projet est co-financé par le fond social européen qui soutient la démarche d’innovation d’OCAPIAT. Cette plateforme représente “une nouveauté sans précédent dans le secteur agroalimentaire“. L’objectif est de faire découvrir des environnements professionnels souvent inaccessibles : lieux de découpe, sécurité incendie. En partenariat avec Inedy et Evaveo, la plateforme immersive permet de valider des certifications de compétences en situation simulée. La réalité virtuelle représente une autre façon d’apprendre et offre un large panel d’acquisition des compétences. “Elle suscite la motivation, augmente l’attention et stimule 4 de nos 5 sens.“
Marc Bringuier, Directeur Réalité Augmentée chez PTC, est également convaincu par l’usage des technologies immersives pour la formation des employés. Il introduit son discours par un rappel très juste : “Une heure après une formation, 50% du contenu de la formation a été intégré. 24h après, on perd 70% de l’information, 90% une semaine après.” Pour lui, la réalité augmentée améliorera la formation des employés dans le futur. “Déployer de la réalité augmentée permet une accélération de la courbe d’apprentissage.” L’un des avantages de l’AR, c’est que son usage ne bouleverse pas les habitudes de l’apprenant. “Il peut se former chez lui, dans des salles de formation ou des lignes de production.” La réalité augmentée permet un déploiement très rapide des modules de formation.
AgroVirtu’Ose : un exemple de déploiement de formation virtuelle dans l’agroalimentaire
Emmanuel Prouvost, Conseiller Formation chez OCAPIAT, a présenté AgroVirtu’Ose, un projet collaboratif qui a rassemblé neuf entreprises de la région Picardie. C’est l’un des premiers projets d’introduction de la formation en réalité virtuelle dans le secteur agroalimentaire. Pourquoi ces neufs entreprises ont-elles choisi la réalité virtuelle ? Des MOOC, des modules e-learning et des serious games leur ont été présentées. “Elles ont flashé sur la VR/AR et ont vu plusieurs intérêts.” Comme on le sait tous, les salariés sont entièrement immergés dans un monde professionnel très proche du leur. “L’idée était de faire un monde qui se rapproche le plus de leur environnement de travail quotidien.”
Le projet AgroVirtu’Ose est un outil autonome, qui est facilement utilisable par les employés. Il est adapté à toutes les entreprises, il est évolutif et personnalisable. Il permet aussi d’accompagner les nouveaux entrants dans les entreprises. AgroVirtu’Ose propose plusieurs types de module de formation : chasse aux risques, alerte incendie, réaction face à un accident, nettoyage. “AgroVirtu’Ose permet de faciliter l’apprentissage des employés et les mettre au cœur de situations dans lesquelles ils peuvent mettre en œuvre des compétences spécifiques.“
Le groupe Bonduelle s’est notamment approprié AgroVirtu’Ose. Jean-Paul Loviny, Responsable Formation France chez Bonduelle, revient sur le déploiement de l’outil au sein des 19 sites du groupe, qui emploient 4 000 collaborateurs. Cette action entre dans la stratégie d’innovation de Bonduelle qui se concentre sur la sécurité et le bien-être de tous au travail. “L’objectif est d’élaborer une vraie culture de la sécurité pour arriver à zéro accidents du travail en 2025.” Jean-Paul Loviny poursuit : “On croit fortement au développement du digital.” Naturellement, comme dans beaucoup de secteurs cette année, le contexte sanitaire a accéléré les choses et a montré qu’il est possible de déployer du distanciel à un public plus large. Mais Jean-Paul Loviny le précise bien en conclusion : le digital représente un complément pour les formations en présentiel, où il y a plus ce côté humain grâce aux échanges entre le formateur et l’apprenant.
Réalité virtuelle dans l’agroalimentaire : perspectives et potentiel
Pour Nathalie Hutter-Lardeau, CEO d’Evidence Santé, partenaire de ces Laval Virtual Days Food, la réalité virtuelle peut faire plus que des modules de la formation. Evidence Santé accompagne les entreprises afin de communiquer les bénéfices santé de leur activité. La question que la directrice se pose aujourd’hui : comment la réalité virtuelle est-elle utilisée comme outil d’éducation nutritionnelle ? “L’alimentation a été replacée au cœur de nos préoccupations pendant le confinement.” Les rendez-vous chez soi ou au restaurant sont devenus des moments de plaisir et de partage. Beaucoup de personnes accordent de plus en plus d’importance aux bienfaits nutritionnels de ce qu’elles mangent. De la même manière, elles exigent davantage de transparence sur les produits qu’elles achètent.
“La réalité virtuelle peut améliorer nos connaissance et notre santé“, se persuade Nathalie Hutter-Lardeau. Pour faire face au besoin de transparence et de connaissances, les technologies permettent de filmer la fabrication des produits en direct. Des visites d’usines en réalité virtuelle peuvent aussi être organisées, car ce sont des environnements dangereux avec beaucoup de protocoles de sécurité. Le digital aide aussi à optimiser ses choix, par exemple à travers un Virtual Market. C’est une boutique virtuelle dans laquelle le consommateur se balade. Lorsqu’il choisit ses produits, des informations s’affichent afin de l’éclairer davantage sur ce qu’il achète, que ce soit pour la composition ou les apports nutritionnels. Sur ce sujet-là, Evidence Santé a conçu une expérience en réalité virtuelle pour Lactel. Elle invitait à faire des crêpes en virtuel et donnait des avis nutritionnels en direct sur la recette établie par l’utilisateur.
La demi-journée s’est terminée par une table-ronde, rassemblant plusieurs experts pour débattre sur les perspectives de la réalité virtuelle dans l’agroalimentaire. Frédéric Baugniet, Conseiller Formation chez Alimento, résume la pensée de beaucoup : “L’énergie déployée pour mettre en place des outils digitaux est importante.” Il est important d’accompagner les entreprises dans le processus de digitalisation. “Dans l’agroalimentaire, un chemin important est parcouru. Aujourd’hui, ce dont le marché a besoin ce sont des acteurs comme Alimento ou OCAPIAT ; ou encore des acteurs sur le terrain comme Ino-VR qui vont évangéliser l’usage de la VR dans les entreprises“, explique Reda Ezzaim, Responsable commercial pour HTC en France.
Julien Masse, CEO d’Ino-VR, est convaincu que les entreprises qui ont déjà sauté le pas de la digitalisation doivent communiquer sur leur choix. “Pour accélérer la prise de conscience des entreprises sur la plus-value de la VR, l’important est d’en entendre parler.” Et c’est aussi le but des Laval Virtual Days : évangéliser sur les usages de la réalité virtuelle dans des secteurs variés. Le prochain rendez-vous est fixé au 8 décembre, pour une demi-journée sur le thème de la santé.