Crédits photos : Immersion / Anaelb.com
“Expert européen de la réalité virtuelle, la réalité augmentée, et des solutions collaboratives pour l’industrie et la recherche.” C’est ce qu’affiche fièrement Immersion sur son site internet. Et en effet, c’est l’une des sociétés pionnières dans le domaine des technologies immersives en France. Depuis sa fondation en 1994, elle a connu et traversé toutes les évolutions du secteur. Portrait de cet acteur majeur de la VR/AR à travers les yeux de son co-fondateur et président, Christophe Chartier.“
26 ans d’expérience dans la réalité virtuelle
En 1994, Christophe Chartier, “27 ans et rien à perdre” décide de monter sa propre entreprise. À ses côtés pour entamer cette nouvelle aventure, Guillaume Claverie. Tous les deux ne connaissaient pas la réalité virtuelle : “C’était vraiment les balbutiements, à l’époque on était les seuls. Quand on se remet à l’époque de 1994, c’était inconcevable. Internet n’existait même pas”. Cela n’a pas arrêté les deux amis qui ont donc créé Immersion, inspirés par un livre, intitulé très justement : “La Réalité Virtuelle”.
Ce livre a été écrit par deux professeurs, Grigore Burdea de l’Institut de technologie du Massachusetts, et Philippe Coiffet du Laboratoire de robotique de Paris. “À la lecture de ce livre, cela nous a donné envie, même si j’avais pas la capacité de tout comprendre ! Mais ce que j’en ai ressenti c’est cette capacité de mettre un casque et être dans un environnement digital. C’est vraiment extraordinaire.”
Puis, tout a été très vite. Christophe et Guillaume ont contacté les personnes citées dans le fameux livre, tout en constituant leur premier catalogue de produits de réalité virtuelle avec des gants et des casques, parmi tant d’autres produits existant depuis les années 1950. “On a importé ces casques et périphériques et commercialisé auprès des centres de recherche, des industriels et des académiques. On a grandi avec eux, à observer et découvrir les usages de ces technologies, les possibles.”
L’ascension parmi les plus grands
Très vite, Immersion s’est affirmé auprès des plus grands. Dans les années 2002, l’entreprise s’associe avec des projets de large envergure, à l’échelle européenne notamment. À la demande de Citroën, pour le lancement de la Xsara Picasso, Immersion fournit 70 simulateurs et 60 casques. “C’était une première mondiale, et donc un gros buzz. C’était aussi un grand virage pour nous, cela a permis d’ancrer l’ADN de l’innovation.” Entre temps, l’entreprise est passée de 5 à 15 collaborateurs, et a grandi considérablement son activité en initiant des projets sur-mesure.
Dix ans plus tard, elle commence à développer des solutions plus standardisées. “Ça a été un nouveau virage, on a commencé à vendre un logiciel qui était le fruit de projets de recherche autour de l’aide à la décision en gestion de crise : Shariiing.” L’ambition est toute neuve : produire un vrai logiciel industriel, “ce qui n’était pas notre métier initial”, comme le souligne justement Christophe Chartier. Pour relever ce nouveau défi, l’équipe s’est mis à chercher des financements, et Immersion est entré en bourse le 5 janvier 2016. Cela s’est couplé avec la création d’une division software pilotée par Grégoire de la Rivière, ancien de chez Dassault Systèmes. À partir de là, Shariiing a beaucoup évolué, pour devenir aujourd’hui notamment un outil de collaboration.
Un acteur majeur et un expert des technologies immersives
Aujourd’hui, Immersion se définit comme “des experts dans les technologies immersives depuis 26 ans”. Ce n’est pas pour rien que Christophe Chartier a participé à la création et au développement du salon Laval Virtual. “J’ai été contacté par François [d’Aubert, Secrétaire d’Etat à la Recherche puis Maire de Laval, ndlr] car il nous a identifié comme acteur dans le domaine. On a contribué à la première année de Laval Virtual, et on a toujours été présent depuis 1999. On a été aussi au début de cette belle initiative.”
Et cette belle aventure n’est pas terminée. Le nouvel enjeu d’Immersion, c’est l’international. 10% de son chiffre d’affaire est issu de l’activité d’export. La première région du monde visée par Christophe Chartier : l’Asie. “Car on a déjà des clients là-bas.” L’entreprise a par ailleurs ouvert un bureau à Singapour, en pleine crise sanitaire, pour affirmer cette ambition internationale. Une personne sur place, Aurélie Duhamel, est en charge du développement commercial de Shariiing sur la zone ASEAN. Immersion exporte également en Malaisie, en Thaïlande, et bientôt au Canada. “L’enjeu est de favoriser le déploiement à l’international des produits qui sont scalables [un produit qui s’adapte à un changement d’ordre de grandeur de la demande, ndlr].” Mais la PME bordelaise veut également continuer à nourrir son ADN tourné vers l’innovation. Immersion, c’est 20 brevets déposés, qui sont également exportés à l’étranger.
Avec environ 45 collaborateurs et sept millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, Immersion est certainement un acteur majeur dans le paysage immersif français et européen. La crise sanitaire n’a pas freiné Christophe Chartier et son équipe, qui ont transformé des contraintes en des opportunités pour recentrer leurs objectifs de développement. “A Immersion, nous sommes convaincus que le rôle des technologies innovantes est de remettre l’Homme au cœur des décisions.”