Le marché de la VR/AR a identifié 9 usages principaux dans le domaine de la santé et de la médecine.
Crédits photos : Stanford Children's Health
La santé est l’un des secteurs les plus porteurs en termes de réalité virtuelle et réalité augmentée. Depuis plusieurs années, les bienfaits des technologies immersives se sont révélées auprès des professionnels de la médecine. Comment la réalité virtuelle a-t-elle apporté un souffle nouveau à la médecine ? Comment a-t-elle permis de faire des avancées considérables et de manière plus rapide ? Laurent Chrétien, directeur de Laval Virtual, a sélectionné 10 cas d’usages qui aident les soignants et les patients au quotidien.
Le marché de la VR/AR a identifié 9 usages principaux de la réalité virtuelle et augmentée dans le domaine de la santé et de la médecine. Les technologies immersives sont aujourd’hui perçues comme un dispositif médical, un outil de thérapie, de diagnostic, de formation, de médiation, d’assistance médicale, de rééducation, de sensibilisation et pour la médecine prédictive. Ainsi, de nombreux usages émergent continuellement dans le secteur médical. Des laboratoires de recherche font des études scientifiques approfondies qui démontrent l’apport de la réalité virtuelle. S’il est presque impossible de faire une liste exhaustive de tous les usages de la VR/AR pour la santé, nous sommes en mesure de recenser quelques grands apports.
La santé mentale, branche pionnière de l’usage médical de la réalité virtuelle
Lorsque la réalité virtuelle est apparue dans le domaine de la santé, l’un des premiers usages que les soignants en ont fait a été comme traitement contre les phobies. Dans les casques VR, on montrait au patient des images de sa phobie afin de lui apprendre à s’y confronter : c’est la thérapie d’exposition. Dès les premiers cas d’usages donc, la réalité virtuelle était surtout appliquée à la santé mentale. Aujourd’hui, plusieurs expérimentations ont été menées et les technologies immersives continuent d’aider les patients atteints de troubles psychologiques.
L’outil C2Addict plonge le patient dans un univers virtuel où il est confronté à ses addictions : alcool, drogue, jeux, etc. Cette situation doit susciter chez lui l’envie de consommer ou non. Les environnements ont été pensés pour permettre l’évaluation, le traitement et la prévention des risques de rechutes. Les thérapies par la réalité virtuelle obtiennent de meilleurs résultats et un taux d’engagement thérapeutique supérieur que celles in vivo.
L’usage de la réalité virtuelle en santé mentale a fait également émerger des formations à destination du futur personnel de médecine. Lorsque l’on est étudiant, on apprend les gestes médicaux techniques, mais la partie relationnelle manque parfois. Or, dans la médecine psychiatrique notamment, le relationnel est très important. Sage Publishing et Somewhere Else ont développé une expérience de réalité virtuelle qui recrée une interaction réaliste entre une infirmière psychiatrique et une patient souffrant de dépression. Cela permet au soignant de développer de l’empathie, de développer sa confiance en soi, et surtout d’apprendre à adapter son discours selon le patient et les troubles dont il souffre.
Vers de nouveaux traitements grâce à la réalité virtuelle
La réalité virtuelle sert donc de thérapie mais aussi comme traitement de certaines maladies. NeuroStorm, une entreprise de neurotech, a conçu un algorithme qui permet de réduire les tremblements liés à la maladie de Parkinson. Cet algorithme détecte les tremblements du patient en temps réel, afin de les annuler dans l’environnement virtuel. Alors, le patient a l’impression que ses tremblements s’arrêtent également dans le monde réel, et peut s’adonner à des activités qu’il ne peut pas faire habituellement. Des études ont été menées pour déterminer si le fait que le patient voit ses mains statiques dans l’environnement virtuel avait un impact thérapeutique. Les scientifiques ont ainsi observé des résultats très positifs.
De la même manière, Nirvana est un système totalement immersif, appliqué à la rééducation neuromotrice des patients souffrant de troubles neurologiques. Les troubles ciblés sont ceux qui apparaissent suite à un AVC, la maladie de Parkinson, un infirmité motrice cérébral ou l’autisme. Le système, qui utilise la réalité virtuelle, crée différents scénarios sur les murs ou le sol d’une chambre sensorielle. Le patient interagit avec les stimuli fourni. Le but est de faire participer le patient davantage à son processus de rééducation qui devient une expérience stimulante et amusante.
D’autre part, la réalité virtuelle peut aider à concevoir des traitements médicamenteux. La start-up américaine Nanome a créé une plateforme de conception et de collaboration scientifique. L’environnement du logiciel aide à accélérer la prise de décision dans le milieu scientifique en permettant aux utilisateurs de visualiser, modifier et stimuler des composants biologiques et chimiques. Pendant la crise du COVID-19, le logiciel de Nanome a été utilisé par des chercheurs partout dans le monde pour évaluer la capacité des anticorps et des petites molécules de médicament à se lier aux protéines du virus. La start-up espère aider à la réduction du temps qu’il faut pour concevoir un médicament efficace et ainsi permettre aux scientifiques d’avoir toujours un temps d’avance.
Des outils immersifs pour la médiation et la sensibilisation auprès du patient
Les technologies immersives sont un outil pour améliorer la médiation entre le patient et le docteur ; par exemple, dans le cadre d’une opération de neurochirurgie. Ce sont généralement des interventions très complexes à effectuer, mais également à appréhender pour le patient. Surgical Theater a créé un outil qui permet au chirurgien de visualiser son opération en amont. Cela permet également au patient de voir comment le médecin va intervenir et comment l’opération va se dérouler.
La réalité virtuelle est un outil de médiation durant l’opération également. Elle permet de réduire la douleur pendant les examens médicaux. L’idée de la réalité virtuelle est de supprimer tout stimuli visuels et auditifs relatifs à la douleur. On les remplace par des images et des sons plus apaisants et rassurants à travers un casque VR. L’application Flowly par exemple, permet d’aider à lutter contre la douleur chronique et l’anxiété.
Outre la médiation, la réalité virtuelle est un outil formidable pour sensibiliser et générer de l’empathie. L’expérience Schizolab permet de se mettre dans la peau d’un patient atteint de schizophrénie. Ainsi, l’utilisateur peut mieux comprendre les émotions qui le traversent. C’est aussi une façon d’aider les proches du patient à mieux appréhender les symptômes, parfois déroutants pour la famille.
Diagnostiquer, opérer… la réalité virtuelle dans le quotidien du médecin
Pour le médecin aussi, la réalité virtuelle a beaucoup à apporter. Elle est notamment un outil de visualisation. Aux Etats-Unis, le Dr. Zachary Steinberg utilise un casque VR et un logiciel pour préparer ses opérations de chirurgie cardiaque. Sur une opération en particulier, le Dr. Steinberg a pu voir ce qui bloquer le vaisseau sanguin et à quel degré. Il a pu aussi préparer la route qu’il allait emprunter pendant l’opération.
Mais à l’heure du COVID-19, les technologies immersives servent aussi à faire le lien entre le patient et le médecin pour établir un diagnostic. La société Miiskin a sorti une application pour faire de l’auto-examen dermatologique en prévention du cancer de la peau. Le patient prend des photos de sa peau, de ses grains de beauté, et l’envoie à un professionnel de la santé. Cette application est un outil de suivi à distance.
La crise sanitaire a montré l’importance des technologies immersives dans le domaine de la santé. Plus qu’un dispositif d’accompagnement du patient, elles aident aujourd’hui les médecins à soigner, opérer, diagnostiquer. Dans certains cas, elles représentent un réel outil pour faire avancer la recherche. Couplée avec des technologies de pointe comme l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle est un allié pour les professionnels de la médecine.
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