Crédits photos : Nicolas Toueille
Hier soir, une centaine de personnes, experts VR/AR ou non, simples curieux ou fervents spécialistes, se sont réunis dans le Laval Virtual World. Presque deux mois après la version virtuelle du salon annuel, ces Laval Virtual Days entièrement numériques ont été l’occasion de revenir sur l’aventure virtuelle de ces dernières semaines.
Les mondes virtuels : la renaissance du phénix
Hier soir, ce n’était plus l’excitation de la découverte du monde virtuel, mais plutôt le goût des retrouvailles. Le Laval Virtual World est devenu un environnement familier pour nombre de personnes. Depuis la tenue de l’événement virtuel en avril dernier, beaucoup se sont appropriés cet espace numérique pour continuer à échanger, partager et se rencontrer. Deux mois plus tard, le monde virtuel construit dans VirBELA prend tout son sens à travers des rendez-vous ponctuels comme ces Laval Virtual Days. Autant d’événements qui sont pleins d’enrichissements et d’approfondissements pour continuer à exploiter ces nouveaux mondes virtuels.
Laurent Chrétien, directeur général de Laval Virtual, l’a bien précisé dans son discours d’introduction : “Bienvenue chez vous !” C’était la mission que s’était donné Laval Virtual et toute son équipe : la longévité et l’appropriation du Laval Virtual World. Cela s’est traduit il y a quelques semaines par la création du Mayenne World par le département. Le développement enclenché par le Laval Virtual World continue, et l’émergence des mondes virtuels est aujourd’hui assurée.
Dans son introduction, Laurent Chrétien a longuement parlé d’une renaissance d’un phénix à travers l’émergence des mondes virtuels. La crise sanitaire a amené à trouver des solutions alternatives pour travailler, se retrouver, organiser des événements. Finalement, lorsque l’on croyait revenir à la normale après ces mois de transformation, on se rend compte que toutes les solutions imaginées et déployées ont leur place dans le futur. Certaines s’affichent même comme une manière de préserver la planète et sa nature luxuriante. Comment continuer à utiliser les mondes virtuels ? Comment éviter l’essoufflement de solutions qui peuvent paraître trop avant-garde et innovante ? Comment s’approprier les nouvelles technologies, dont les techniques immersives, pour proposer des alternatives respectueuses mais surtout accessibles à tous ?
Un monde (virtuel) de possibilités
Le succès des événements virtuels
Il y a quelques mois, il était inconcevable de faire des conférences et des réunions dans un monde entièrement virtuel, avec des participants réincarnés en avatars. Ou plutôt, on n’y pensait pas ! Systématiquement, une réunion, un séminaire, un événement (d’autant plus international), se faisait en présentiel. Pourtant, des solutions alternatives ont rapidement émergés. Le monde de la réalité virtuelle et augmentée se les est aujourd’hui approprié et en voit les bénéfices. Othman Chiheb, Responsable Marketing Produit pour HoloLens Microsoft, est revenu sur la Microsoft Area pendant le Laval Virtual World.
La Microsoft Area était un espace réservé pendant le Laval Virtual World. Un espace qui a été construit et aménagé en seulement 5 jours, après que Microsoft ait pris la décision de soutenir l’événement virtuel : “Microsoft est un partenaire historique de l’événement physique Laval Virtual.” Ainsi, les équipes de Microsoft n’ont pas hésité plus de cinq secondes avant d’exprimer leur soutien pour le Laval Virtual World, flairant l’importance d’encourager ce genre d’initiative.
L’enthousiasme se faisait aussi ressentir chez les partenaires de Microsoft et les conférenciers choisis pour ces trois jours virtuels : “Nos partenaires voulaient vraiment participer à cette première mondiale.” Si bien que plus de 80 speakers ont assuré un programme de conférences bâti en 24 heures qui a eu un large succès. Entre 70 et 100 personnes y ont assisté, ce qui est beaucoup plus que lors des événements physiques. “3200 avatars sont entrés dans la Microsoft Area lors du premier jour“, rapporte Othman Chiheb, et “460 pendant la conférence de Mark Day.”
Entretenir les liens entre la communauté XR
Othman Chiheb entrevoit déjà les bénéfices d’un événement virtuel, d’abord le coût qui est beaucoup moins important qu’un événement physique. Il explique également que le Laval Virtual World a permis de renforcer les relations avec les clients de Microsoft. Il en va de même pour Andrey Lunev, Community Activist pour XR Crowd. Lors de sa conférence, il a expliqué comment la communauté XR est restée connectée pendant le temps du confinement. Les mondes virtuels ont alors apporté une grande aide.
Andrey Lunev a commencé en expliquant : “En mars 2020, j’avais hâte d’aller à des événements, puis ils ont commencé à tous être annulés.” Il a fallu donc trouver un autre moyen de réunir la communauté XR. Et quoi de mieux que la réalité virtuelle, le cœur de son univers, pour faire cela ? #ZeroEvent a ainsi été créé : “c’est un rassemblement hebdomadaire de la communauté.” Le but était donc de continuer à échanger, mais l’occasion était aussi de tester des plateformes de réalité virtuelle : “Nous voulions tous explorer les interactions sociales et la seule façon de faire ça était de se réunir en VR et de tester les plateformes.” Beaucoup de plateformes ont été testées : Engage, VirBELA, VR Chat, AltspaceVR, Rumii, Glue Collaboration.
Ce sont ces rassemblements virtuels et ces tests qui ont amené au choix de VirBELA pour organiser le Laval Virtual World. Mais ils ont aussi permis de faire grandir la relation entre tous les membres, et notamment entre Laval Virtual et XR Crowd. Les mondes et les événements virtuels ont ainsi entretenu le lien déjà existant au sein de la communauté XR, mais ont également fait naître des contenus et des études inédits.
Comment bâtir, améliorer et pérenniser ces mondes virtuels ?
Un exemple de plateforme en ligne : l’histoire de VirBELA
Passée la phase de découverte des mondes virtuels et de leurs possibilités infinies, il était important de se demander : comment pouvons-nous améliorer ces mondes virtuels déjà existant pour qu’ils répondent à la demande actuelle ? Comment savoir quelles fonctionnalités préférer ? C’est toute la question que se pose actuellement Alex Howland, fondateur de VirBELA. Il a créé la plateforme en 2012, alors qu’il suivait des études supérieures. Il a participé à une compétition pour trouver le meilleur moyen d’améliorer l’éducation supérieure. C’est là qu’il a pitché l’idée d’utiliser les mondes virtuels pour rassembler des personnes des quatre coins du monde, pour apprendre avec un outil ludique et pour nourrir des interactions dans un contexte d’économie globalisée.
Aujourd’hui, VirBELA a grandi, et particulièrement ces trois derniers mois où elle est passé de 20 à 75 employés pour répondre à la demande croissante. Car beaucoup de secteurs sont intéressés par VirBELA La plateforme a accueilli des rassemblements religieux, des groupes de soutien, des cabinets de conseil, etc. La tenue du Laval Virtual World a démontré sa capacité à organiser des événements d’envergure internationale. Cela a permis également de tester les fonctionnalités et d’envisager des améliorations pour développer l’offre et les possibilités.
De nombreuses idées traversent l’esprit de Alex Howland. Il voit “beaucoup d’opportunités dans le secteur événementiel, le travail à distance et l’éducation. Concernant VirBELA, le but est avant tout de “garder l’accessibilité comme première priorité“, il s’engage à faire des efforts pour améliorer l’expérience en réalité virtuelle. Il est par exemple difficile de gérer les présentations et les écrans en VR. Aujourd’hui, plus de personnes travaillent au sein de VirBELA pour améliorer cette expérience. Il est aussi prévu d’intégrer le partage de webcam, pour permettre de voir les personnes avec qui on se réunit en petit groupe. Des améliorations possibles qui ont été notamment repérées par Kent Bye, qui a testé de nombreuses plateformes VR.
Une multitude de plateformes en réalité virtuelle à découvrir
Depuis 2014, Kent Bye a assisté à presque 100 conférences et rassemblements. Quand ils ont commencé à devenir virtuel, il se devait de s’y rendre également. Il a pu alors comparé le virtuel avec le réel. Il affirme alors avec certitude qu’une plateforme en ligne comme “Zoom peut très bien suffire pour des conférences“. Sa question est principalement : qu’est-ce qu’offre la VR en plus ? Et que peut-on améliorer pour rendre cette expérience virtuelle proche du réel ?
Un monde en réalité virtuelle permet à l’utilisateur de naviguer dans un espace, contrairement à une simple conférence en ligne. Il va alors pouvoir rencontrer des personnes, leur parler, faire des petits groupes de discussions, bref créer des connexions. Mais on ne peut pas vraiment parler comme on le ferait en réel. Kent Bye prend l’exemple de VirBELA et regrette le manque de zones où on peut parler sans entendre un autre groupe à côté, et sans que tout le monde nous entende. Depuis le Laval Virtual World, la plateforme a amélioré l’isolation audio et notamment le son spatialisé : lorsque l’on s’éloigne d’un groupe qui parle, désormais on ne l’entend plus.
La question complexe des interactions sociales dans le virtuel
L’une des améliorations préconisées par Kent Bye concerne les zones de conversations privées matérialisées par des cercles bleus pointillés. Il conseille de mettre en place des zones d’attente autour de ces cercles. Il explique que lorsque l’on rentre dans une salle et que plusieurs conversations privées sont en cours, il est difficile d’entrer dans le cercle par peur de déranger. De plus, on ne sait pas de quel sujet les personnes parlent. Les zones d’attente seraient des SAS où les personnes pourraient rentrer avant la vraie zone de conversation privée. Cela permettrait de connaître le sujet de conversation d’un côté et d’inviter les personnes à rejoindre le groupe de l’autre, le tout sans déranger.
Cette réflexion autour des améliorations s’est poursuivie lors de la table-ronde, avec toujours Kent Bye, mais également Asha Easton d’Immerse UK, Liudmila Bredikhina de l’Université de Genève et Lorelle Vanfossen d’Educators in VR. Les interactions sociales ont été la question la plus évoquée. Selon Lorelle Vanfossen, “un événement virtuel n’est en aucun différent, il faut avoir de l’espace, on a besoin de respirer entre les événements.” Les espaces de rencontres sont essentiels pour un événement, virtuel ou physique. Les participants doivent pouvoir se retrouver avant et après les conférences, pour se rencontrer, échanger. Elle poursuit en indiquant que dans le virtuel, il est important de programmer ces moments d’échanges, pour encourager les personnes à se rencontrer à une heure et un lieu spécifiques.
Les mondes et événements virtuels ont donc un avenir certain, mais beaucoup d’éléments sont encore à améliorer pour rendre l’expérience aussi bénéfique qu’en physique. Mais ces rendez-vous ont constitué une vraie bouffée d’air pour continuer à échanger avec les autres membres de la communauté XR, qui comptent bien exploiter tous les recoins du virtuel.
Mondes virtuels : et après ?
Mais alors, que peut-on faire pour continuer à exploiter ces mondes virtuels alors que le retour au réel est progressif ? Valentin Régnier, Community Relations Manager à Laval Virtual, a exprimé cette volonté de provoquer des rencontres, des partenariats, des collaborations, des projets, à la fois en réel et en virtuel. Les mondes virtuels commencent à devenir un outil intéressant pour construire des opportunités de business en connectant les personnes et en partageant les outils. C’est pourquoi le Laval Virtual World va devenir permanent pour les entreprises, artistes, chercheurs, scientifiques et étudiants qui souhaitent continuer à s’informer et échanger. Le monde sera désormais accessible via un membership, qui permettra également d’accéder à des salles de réunions virtuelles, des contenus VR/AR exclusifs ainsi qu’un large annuaire dans le domaine des technologies immersives.
Les surprises étaient nombreuses, puisque Laurent Chrétien a annoncé en conclusion qu’un nouveau monde virtuel ouvrait ses portes : le Laval Virtual Congress Center. Il sera le théâtre de bon nombre d’événements virtuels externes lors des prochains mois, si bien que les mois de juin et de juillet sont déjà remplis de réservations, affirme le directeur de Laval Virtual. En même temps, Laurent Chrétien a annoncé la signature d’un partenariat avec XR Latam pour exporter le concept Laval Virtual en Amérique Latine. Rendez-vous en 2021 pour le salon colombien !
Enfin, et pour continuer sur le succès du Laval Virtual World, Benjamin de Wit de VR Days a annoncé la virtualisation de l’événement co-organisé par Laval Virtual. “Si les gens ne peuvent pas aller aux VR Days, nous feront venir les VR Days à eux. Notre but est d’organiser l’événement le plus immersif de 2020 !” Au programme : un marathon de conférences en ligne, un espace d’exposition virtuel, un marché d’investissement immersif, l’espace de création Church of VR entièrement en réalité virtuelle. Le but est clair : “Nous allons apporter la réalité virtuelle aux masses !” Un défi important auquel la virtualisation peut répondre.